Voir la source de Champ magnétique terrestre

[[Image:Animati3.gif|thumb|upright=1.2|Variation modélisée du champ magnétique terrestre face à une tempête de « vent solaire ».]]
[[File:June 2014 magnetic field.jpg|thumb|upright=1.2|Champ magnétique terrestre mesuré en juin 2014 par la sonde Swarm (ESA/DTU Space).]]

Le '''champ magnétique terrestre''', aussi appelé '''bouclier terrestre''', est un [[champ magnétique]] présent dans un vaste espace autour de la [[Terre]] (de manière non uniforme du fait de son interaction avec le [[vent solaire]]) ainsi que dans la [[croûte terrestre|croûte]] et le [[manteau (géologie)|manteau]]. Il a son origine dans le [[noyau externe]], par un mécanisme de [[dynamo]] auto-excitée.

== Âge et origine ==
{{Article détaillé|Dynamo terrestre}}

Selon les études de John Tarduno de l'[[université de Rochester]] ([[États-Unis]]), la Terre possédait déjà un champ magnétique il y a 3,45 milliards d'années<ref>{{lien web| langue=en| url=https://www.wired.com/wiredscience/2010/03/earths-magnetic-field-is-35-billion-years-old/?intcid=postnav| titre=Earth’s magnetic field Is 3.5 billion years old| mois=mars| année=2010}}, sur le site wired.com</ref>{{,}}<ref name=Tarduno2010>{{article| langue=en| auteur1=J. A. Tarduno| et al.=oui| titre=Geodynamo, solar wind, and magnetopause 3.4 to 3.45 billion years ago| périodique=Science| lien périodique=Science (revue)| volume=327| pages=1238-1240| année=2010}}.</ref>. À cette époque l'intensité du champ était de 50 à 70 % de sa valeur actuelle. Mais dès {{unité/2|3.2|Ga}} le champ terrestre était aussi intense qu'aujourd'hui<ref>{{lien web| url=https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/20070405.OBS0736/le-tres-ancien-bouclier-magnetique-de-la-terre.html| titre=Le très ancien bouclier magnétique de la Terre| auteur=Cécile Dumas| jour=5| mois=avril| année=2007}}, sur le site de ''[[Sciences et Avenir]]''.</ref>{{,}}<ref name=Tarduno2007>{{article| langue=en| périodique=Nature| lien périodique=Nature (revue)| volume=446| pages=657-660| jour=5| mois=avril| année=2007| doi=10.1038/nature05667| titre=Geomagnetic field strength 3.2 billion years ago recorded by single silicate crystals| auteur1=John A. Tarduno| auteur2=Rory D. Cottrell| auteur3=Michael K. Watkeys| auteur4=Dorothy Bauch}}.</ref>.

Le champ magnétique terrestre est engendré par les mouvements de [[convection]] du [[noyau externe]] de notre planète, constitué de [[métal]] liquide (essentiellement [[fer|Fe]] et [[nickel|Ni]]). Ce noyau externe fonctionne comme une [[dynamo]] ''auto-excitée'' (on dit aussi ''auto-entretenue''), c'est-à-dire que le champ magnétique est à l'origine des courants électriques qui eux-mêmes engendrent le champ (imbrication de l'[[induction électromagnétique]] et de la [[loi de Biot et Savart]]). La convection est sans doute solutale (due à des [[gradient]]s de [[concentration massique|concentration]]) plutôt que thermique (due à des gradients de [[température thermodynamique|température]]), et intimement liée à la croissance du [[noyau interne]] : le fer-nickel solide étant moins riche en éléments dissous que le liquide, la cristallisation de ce liquide enrichit la base du noyau externe en éléments dissous ; ces éléments étant plus légers que Fe et Ni, le liquide métallique profond tend à remonter sous l'effet de la [[poussée d'Archimède]]<ref>{{article| langue=en| auteur1=J. R. Lister| auteur2=B. A. Buffett| titre=The strength and efficiency of thermal and compositional convection in the geodynamo| périodique=Physics of the Earth and Planetary Interiors| volume=91| pages=17-30| année=1995}}.</ref>{{,}}<ref>{{article| langue=en| auteur1=S. Labrosse| auteur2=J.-P. Poirier| auteur3=J.-L. LeMouel| titre=On cooling of the Earth’s core| périodique=Physics of the Earth and Planetary Interiors| volume=99|pages=1-17| année=1997}}.</ref>{{,}}<ref>{{article| langue=en| auteur1=D. Gubbins| auteur2=D. Alfe| auteur3=G. Masters| auteur4=G. D. Price| auteur5=M. J. Gillan| titre=Can the Earth’s dynamo run on heat alone| périodique=Geophysical Journal International| volume=155| pages=609-622| année=2003}}.</ref>.

Le noyau interne est cependant trop jeune pour que le mécanisme ci-dessus ait pu fonctionner il y a plus de {{unité/2|1.5|Ga}}. Un autre processus de convection solutale aurait alors été l'[[exsolution]] d'[[oxyde de magnésium]] MgO, due au refroidissement progressif du noyau (alors entièrement liquide)<ref>{{article| langue=en| auteur1=J. G. O’Rourke| auteur2=D. J. Stevenson| titre=Powering Earth’s dynamo with magnesium precipitation from the core| périodique=Nature| lien périodique=Nature (revue)| volume=529| pages=387-389| année=2016}}.</ref>. MgO est en effet soluble dans le fer liquide à très haute température<ref>{{article| langue=en| titre=An early geodynamo driven by exsolution of mantle components from Earth’s core| auteur1=James Badro| auteur2=Julien Siebert| auteur3=Francis Nimmo| périodique=Nature| lien périodique=Nature (revue)| volume=536| pages=326-328| jour=18| mois=août| année=2016| doi=10.1038/nature18594}}.</ref>. Une quantité importante de MgO a pu être dissoute dans le noyau lors de l'[[accrétion]] de la Terre, et notamment lors du gigantesque impact à l'origine de la Lune<ref>{{article| langue=en| auteur1=W. K. Hartmann| auteur2=D. R. Davis| titre=Satellite-sized planetesimals and lunar origin| périodique=Icarus| volume=24| pages=504-515| année=1975}}.</ref>.

== Description ==
[[Image:VFPt Earths Magnetic Field Confusion.svg|thumb|Le champ magnétique terrestre peut être vu comme celui d'un aimant droit.]]
Le [[champ magnétique]] terrestre peut être comparé, en première approximation, à celui d'un [[aimant permanent|aimant droit]] (ou d'un [[dipôle magnétique]], ou d'une bobine plate parcourue par un [[courant électrique]]), de [[moment magnétique]]<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=George H.A.|nom1=Cole|prénom2=Michael M.|nom2=Woolfson|titre=Planetary science|sous-titre=The science of planets around stars|éditeur=Institute of Physics Publishing|volume=|année=2002|pages totales=505|passage=362|isbn=0-7503-0815-X|lire en ligne=}}.</ref> {{unité|7.7|e=22|A||m|2}} en 2000. Le point central de cet aimant n'est pas exactement au centre de la Terre, il se trouve à quelques centaines de kilomètres du centre géométrique. Cette approximation ne doit pas faire oublier que le champ a des composantes multipolaires dont l'intensité, bien que beaucoup plus faible que la composante dipolaire, n'est pas négligeable, notamment lors d'une [[inversion du champ magnétique terrestre]] qui voit l'affaiblissement de l'intensité du dipôle si bien que les composantes non dipolaires deviennent prédominantes<ref>{{ouvrage|auteur=Christine Laverne, Christine Kornprobst|titre=À la conquête des Grands fonds. Techniques d'étude de la géologie marine|éditeur=Éditions Quae|date=2011|passage=72|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.

La [[théorie du potentiel]] décrit, à partir de l'[[équation de Laplace]], qu'à cet aimant droit se superposent en second ordre un [[quadrupôle]], au troisième ordre un octopôle, etc., jusqu'à l'infini. Cette décomposition dite en [[Harmonique sphérique|harmoniques sphériques]] admet des coefficients qui pondèrent l'importance à attribuer à chaque aimant. Le premier à avoir mesuré leur valeur est [[Carl Friedrich Gauss|Gauss]] à partir d'un maillage d'observatoires magnétiques répartis autour de la Terre, puis d'en tirer des études statistiques.

L'ensemble des lignes de champ magnétique de la Terre situées au-dessus de l'[[ionosphère]], soit à plus de {{unité|1000|km}}, est appelé [[magnétosphère]]. L'influence du champ magnétique terrestre se fait sentir à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres.

D'autres planètes du [[système solaire]] possèdent un champ magnétique : [[Mercure (planète)|Mercure]], [[Saturne (planète)|Saturne]], [[Uranus (planète)|Uranus]], [[Neptune (planète)|Neptune]] et surtout [[Jupiter (planète)|Jupiter]]. Le [[Soleil]] lui-même en possède un.

Bien que les aimants aient été connus depuis l'Antiquité, ce sont les Chinois qui, vers l'an 1000-1100 les utilisèrent pour s'orienter à l'aide de la [[boussole]]. La relation entre les aimants et le champ magnétique terrestre fut découverte en [[1600]], par [[William Gilbert (astronome)|William Gilbert]], un physicien anglais et médecin de la reine [[Élisabeth Ire d'Angleterre|Élisabeth {{Ire}}]] qui publie en 1600 ''{{lang|la|de Magno Magnete Tellure}}'' (« Du Grand Aimant de la Terre »). Cette théorie est la première concernant des caractéristiques globales de la Terre, avant la gravité d'[[Isaac Newton]]. Il démontra comment une boussole placée à la surface d'une boule magnétisée (la « [[Terrella]] ») indique toujours le même point, comme elle le fait sur la Terre.

=== Notion de pôle ===
[[Fichier:VFPt Dipole field.svg|vignette|Le dipôle terrestre.]]
Les pôles magnétiques sont conventionnellement définis comme étant les points de la surface terrestre où le champ magnétique est localement vertical, c'est-à-dire que l'inclinaison magnétique est de {{nobr|90 degrés}} (voir ci-après les propriétés du champ magnétique pour une définition de l'inclinaison). Il y a un pôle magnétique par hémisphère, le nord et le sud<ref group=alpha>Le champ magnétique n'étant pas parfaitement [[dipôle magnétique|dipolaire]], il peut arriver qu'il y ait plusieurs pôles magnétiques nord, et/ou plusieurs pôles sud, notamment pendant les [[inversion du champ magnétique terrestre|inversions et excursions géomagnétiques]].</ref>.

Le '''[[pôle Nord magnétique]]''' terrestre est en fait un pôle de magnétisme « sud ». Il s'agit d'une pure convention, due au choix d’appeler « nord » la pointe de l'aiguille de la boussole qui ''pointe'' ce pôle magnétique, qui n'est pas très éloigné du [[pôle Nord]] géographique. L'axe géomagnétique, passant par les deux pôles géomagnétiques, fait un angle de 11,5° par rapport à l'axe de rotation de la Terre.

Une mesure d'avril 2007 par le projet « Poly-Arctique » a situé le pôle Nord magnétique (Nm) à une latitude de 83,95° N et une longitude de 121,02° O ({{coord|83|57|00|N|121|01|12|W|scale:36000000}})<ref>{{lien web|url=http://www.institut-polaire.fr/ipev/documents/pole_nord_magnetique|auteur= Institut polaire français Paul-Émile-Victor (IPEV)|titre= La dérive du pôle Nord magnétique}}.</ref>, soit à {{nombre|673|km}} du pôle Nord géographique (Ng) et avec alors une vitesse moyenne de déplacement de {{Unité|55|km/an}}<ref>, soit une moyenne d'environ {{unité|150|m/j}} ou {{unité|6|m/h}}.</ref>. À l'été 2010, il est estimé qu'il n’est plus qu'à {{unité|550|km}} du pôle Nord géographique.

Depuis le milieu des [[années 1990]], il se dirige du [[Canada]] (où il avait toujours été localisé depuis les premières mesures) vers la [[Sibérie]] sans que cette évolution ne soit comprise par la communauté scientifique<ref name = "nature">{{Article|langue=anglais|périodique=[[Nature (revue)|Nature]]|titre=Earth’s magnetic field is acting up and geologists don’t know why|auteur=Alexandra Witze|date=9 janvier 2019|lire en ligne=https://dx.doi.org/10.1038/d41586-019-00007-1}}.</ref>.

En outre la position du pôle magnétique varie au cours de la journée, se déplaçant ainsi de plusieurs dizaines de km autour de sa position moyenne.

Le '''[[pôle Sud magnétique]]''', quant à lui, se trouve au large de la [[Terre Adélie]], dans la [[mer d'Urville]], à 65 °S et 138 °E. 
{{Clr}}
{| class="wikitable"
|+ Position des pôles magnétiques
|-
|[[Pôle Nord magnétique]]<ref>[http://gsc.nrcan.gc.ca/geomag/nmp/northpole_e.php Geomagnetism, North Magnetic Pole]. Natural Resources Canada, 2005-03-13.</ref> || (2001) {{Coord|81.3|N|110.8|W|name=North Magnetic Pole (2001)}} || (2004) {{Coord|82.3|N|113.4|W|name=North Magnetic Pole (2004)}} || (2005) {{Coord|82.7|N|114.4|W|name=North Magnetic Pole (2005)}} || (2010) {{Coord|85.0|N|132.6|W|name=North Magnetic Pole (2010)}}
|-
|[[Pôle Sud magnétique]]<ref>[http://www.antdiv.gov.au/default.asp?casid=1843 South Magnetic Pole]. Commonwealth of Australia, Australian Antarctic Division, 2002.</ref> || (1998) {{Coord|64|S|138.5|E|name=South Magnetic Pole (1998)}} || (2004) {{Coord|63.5|S|138.0|E|name=South Magnetic Pole (2004)}} || (2005){{Coord|63.1|S|137.5|E|name=South Magnetic Pole (2005)}} || (2010) {{Coord|64.4|S|137.3|E|name=South Magnetic Pole (2010)}}
|}

=== Propriétés du champ magnétique ===
En un point donné du champ magnétique terrestre, le vecteur [[champ magnétique]] <math>\vec B</math> peut être décomposé en une composante verticale <math>\vec B_\mathrm v</math> (dirigée selon la verticale locale, soit en gros vers le centre de la Terre) et une composante horizontale <math>\vec B_0</math>. Aux pôles magnétiques, la composante horizontale a une valeur nulle.
* L'angle formé par <math>\vec B</math> et <math>\vec B_0</math> est appelé « inclinaison ». Il augmente donc lorsque l'on se rapproche des pôles magnétiques, en tendant vers 90°.
* L'angle (orienté) de la direction du [[Pôle Nord|pôle Nord géographique]] vers <math>\vec B_0</math> est appelé « [[déclinaison magnétique terrestre|déclinaison]] ».
* Le [[Norme (mathématiques)#En dimension finie|module]] de <math>\vec B</math> est appelé « intensité ».

Le [[vent solaire]] est responsable de variations du champ mesuré, par les courants électriques qu'il engendre dans l'ionosphère et la magnétosphère. En fonction de l'activité solaire, les [[orage magnétique|orages magnétiques]] peuvent perturber le champ magnétique terrestre en faisant varier l'intensité de la composante horizontale B<sub>0</sub>. De plus, les vents solaires déforment les lignes de champ du champ magnétique terrestre. Côté jour, elles sont aplaties vers la Terre, et du côté nuit, elles s'écartent sur une dizaine de [[rayon terrestre|rayons terrestres]]<ref>{{en}} {{Lien web|url= http://rochester.edu/news/show.php?id=3558|titre= Oldest Measurement of Earth's Magnetic Field Reveals History of Battle Between Sun and Earth for Our Atmosphere |auteur= Jonathan Sherwood|année= 2010|consulté le=8 mars 2010 }}</ref>.

La valeur de l'induction magnétique est exprimée en [[Tesla (unité)|teslas]] (nom de l'unité dans le [[Système International d'unités]]), en l'honneur de [[Nikola Tesla]]. Actuellement, elle est de l'ordre de 47 μT au centre de la France.

L’''[[archéomagnétisme]]'', fondé sur l'étude des traces de champ magnétique fixées dans les objets archéologiques (briques, céramiques, etc.), et le ''[[paléomagnétisme]]'', fondé plutôt sur les roches, permettent de comprendre l'évolution du géomagnétisme au fil du temps ; en datant les inversions de polarité magnétique au travers des âges, par exemple.

== Mesure du champ magnétique terrestre ==

=== Méthode des Périodes ===
Pour deux [[Bobines d'Helmholtz|bobines de Helmholtz]] identiques séparées d'une distance égale à leur rayon, le champ créé au milieu de ces deux bobines peut être considéré comme uniforme (les deux bobines sont parcourues par le même courant). En plaçant ces bobines de telle sorte que le champ qu’elles induisent soit aligné avec le champ magnétique terrestre, le champ total résultant entre les bobines est donc : 
:<math>\overrightarrow{B_1} = \overrightarrow{B_t}+\overrightarrow{B_i}</math>.

Une aiguille aimantée (boussole) placée en R/2 s’aligne avec ce champ résultant. 	 Écartée de sa position d’équilibre, elle oscille à une période : 
:<math> T_1=2\pi \left[\frac{J}{\mu (B_t + B_i)}\right]^{1/2} </math>
où ''μ'' désigne le moment magnétique de l’aimant et ''J'' son moment d’inertie.

Si on inverse le sens du courant dans les bobines, le champ induit change de sens (conservation de la direction colinéaire au champ terrestre). En veillant à ce que le champ induit par la bobine soit inférieur au champ magnétique terrestre (il ne faut pas que le changement du sens du courant induise un changement de sens de l'aiguille), l’aiguille oscille alors à la période : 
:<math> T_2=2\pi \left[\frac{J}{\mu (B_t - B_i)}\right]^{1/2} </math>.

À partir de ces deux périodes on obtient :
:<math> B_t= B_i\frac{ (T_1^2+ T_2^2)}{(T_2^2- T_1^2 )} </math>.

Ainsi, si on considère des bobines de rayon ''R'', composées de ''N'' spires et parcourues par un courant d’intensité ''I'', en mesurant ''T''<sub>1</sub> et ''T''<sub>2</sub> on en déduit le champ magnétique terrestre :
:<math> B_t= (4/5)^{3/2}\frac{NI\mu _0}{R}\frac{(T_1^2+ T_2^2)}{(T_2^2- T_1^2)} </math>.

=== Méthode des Tangentes ===

Les bobines de Helmholtz sont cette fois placées de telle sorte que le champ qu’elles induisent soit orthogonal au champ magnétique terrestre.

L’aiguille aimantée, soumise à l’action de deux champs, s’oriente suivant leur résultante. Le champ résultant auquel est soumis la boussole est égal à la somme du champ terrestre et du champ induit et est aligné dans la direction ''α'' telle que:
:<math> B_i= B_t \tan\left(\frac{\pi }{2}-\alpha\right)</math>.

Une mesure de l’angle ''α'' permet d’obtenir la valeur du champ magnétique : 
:<math> B_t= (4/5)^{3/2}\frac{NI\mu _0}{R}\frac{1}{\frac{\pi}{2}-\alpha }</math>.

== Applications ==

=== La boussole ===
L'aiguille d'une [[boussole]] parfaite (non perturbée par un champ parasite), s'oriente suivant la composante parallèle au cadran (normalement positionné horizontalement), restant tangente à la [[ligne de champ]] du lieu où elle se trouve. La boussole indique la direction du ''[[pôle Nord magnétique]]'' (et non celle du ''[[pôle Nord]] géographique'') ; la différence angulaire relative étant appelée la ''[[déclinaison magnétique]]'', dont la valeur dépend du lieu où l'on se trouve.

La boussole utilisée en navigation, appelée [[compas (navigation)|compas]], n'indique généralement pas le Nord magnétique, mais le ''Nord compas'', direction à laquelle il faut apporter encore une autre correction (appelée la déviation du compas), afin de retrouver la direction du Nord magnétique.

La déclinaison magnétique d'un lieu est fournie sur les cartes détaillées (1/{{formatnum:50000}} ou 1/{{formatnum:25000}}) de la région. Sur les cartes marines et aéronautiques est également fournie une estimation de sa variation annuelle (par exemple diminution de 6' par an). Pour certaines applications modernes (aviation...), on utilise plutôt un [[magnétomètre]], qui mesure les trois composantes du vecteur champ magnétique.

=== Le paléomagnétisme ===
{{article détaillé|Paléomagnétisme}}
On distingue l’[[archéomagnétisme]], fondé sur l'étude des traces de champ magnétique fixées dans les objets archéologiques (briques, céramiques, etc.), du paléomagnétisme fondé sur l'analyse des variations du champ magnétique enregistrées par les roches. Lors de la solidification « rapide » d'un matériau (cuisson d'une poterie, éruption volcanique...), les dipôles magnétiques qu'il contient se retrouvent figés, donnant ainsi un instantané de la direction du champ magnétique terrestre. Les travaux de [[Xavier Le Pichon]] dans les années 1970, ont permis de mettre en évidence le phénomène de [[dérive des continents]], à partir de l'étude de la variation du champ magnétique terrestre enregistrée au niveau des dorsales médio-Atlantique. On a ainsi pu découvrir que le champ magnétique terrestre a subi de multiples [[Inversion du champ magnétique terrestre|inversions de polarité]] au cours des millions d'années.

=== L'exploration minière ===
La prospection minière constitue un des grands domaines d'application de l'étude du géomagnétisme. Différentes roches possédant différentes aimantations, la valeur de l'intensité du champ magnétique terrestre s'en trouve modifiée. Il est ainsi possible d'obtenir une carte des structures en profondeur, selon les variations d'aimantation des roches.

== Un bouclier protecteur pour la vie ==
Le champ magnétique terrestre joue un rôle essentiel dans le développement de la vie sur Terre, en déviant les particules mortelles du [[vent solaire]] formant ainsi les [[aurore boréale|aurores boréales]] et australes.

Le [[noyau externe]] (liquide) qui génère le champ magnétique terrestre global, se refroidit très lentement. Le [[noyau interne]] (solide) grossit par la solidification du métal liquide du noyau externe en contact avec le noyau interne. Il est estimé que le noyau externe sera (presque) entièrement solidifié dans quelques milliards d'années, et qu'en conséquence le champ magnétique global aura alors disparu.

La Terre présentera alors des conditions comparables à celles que présente [[Vénus (planète)|Vénus]] actuellement<ref group="alpha">La Terre présentera sans doute une atmosphère épaisse, comme celle de Vénus, car les océans se seront alors évaporés et les carbonates auront relâché le {{CO2}} comme conséquence de l'accroissement de la puissance du Soleil. Cette fin (progressive) des conditions habitables du climat de la Terre est estimée arriver dans environ un milliard d'années.</ref>, sans champ magnétique global.

== Un des moyens de guidage d'animaux migrateurs ==
{{article détaillé|Magnétoréception}}
De nombreux animaux grands migrateurs terrestres ({{Ex}} [[oiseau]]x) ou aquatiques ({{Ex}} [[tortue marine|tortues marines]]) semblent dotés d'une perception fine du champ magnétique terrestre ([[magnétoréception]]), même si d'autres sens interviennent lors des migrations. Par exemple les [[Caretta caretta|tortues caouanne]] sont sensibles à la [[latitude]] en fonction du champ magnétique terrestre et de son inclinaison<ref name=Putman2011/>. Ainsi de très jeunes tortues de cette espèce placées, peu après leur éclosion, en bassin reproduisant des conditions de champ magnétique d’autres régions ([[Porto Rico]] et [[Cap-Vert]], situés sur leur route migratoire habituelle à la même latitude (20°N), mais à des longitudes différentes) se sont rapidement orientées dans la direction qu’elles prendraient dans cet environnement (respectivement vers le NE et vers le SE)<ref name=Putman2011>Nathan Putman et al. (Université de Caroline du Nord) ; Current Biology, vol 21, pp 463-466, 2011</ref>.

== Inversion du champ magnétique terrestre ==
{{article détaillé|Inversion du champ magnétique terrestre}}

L'inversion du champ magnétique terrestre est un phénomène récurrent dans l'histoire géologique terrestre, le [[pôle Nord magnétique]] se déplace au [[pôle Sud]] géographique, et inversement. C'est le résultat d'une perturbation de la stabilité du [[Noyau terrestre|noyau de la Terre]]. Le champ magnétique s’affole alors pendant une courte période (de 1000 à {{Unité|10000|ans}}) pendant laquelle les pôles magnétiques se déplacent rapidement sur toute la surface du globe, ou disparaissent, selon les théories.

Au cours de cette transition, l'intensité du champ magnétique est très faible et la surface de la planète peut être exposée au [[vent solaire]], potentiellement dangereux pour les organismes vivants. Si cela se produisait aujourd'hui, de nombreuses technologies utilisant le champ magnétique pourraient aussi être affectées.

À la fin de cette période de transition, soit les pôles magnétiques reprennent leurs positions initiales, il s'agit alors seulement d'une excursion géomagnétique, soit ils permutent et là on parle d'inversion.

Le champ terrestre s'est inversé environ 300 fois ces derniers {{unité|200|millions}} d'années. La dernière inversion est survenue il y a {{unité|780000 ans}} et la dernière excursion il y a {{unité|33000 ans}}, personne ne sait quand la prochaine va se produire.

En 2012, Mioara Mandea et son équipe mettent en évidence une corrélation entre les changements magnétiques terrestre et les changements des champs gravitationnels induits par les modifications au sein du noyau terrestre sur une zone allant de l'Alaska à l'océan indien, le rapport de cause à effet  restant à prouver et le modèle théorique à bâtir<ref>{{Article|langue=en|auteur1=|prénom1=Mioara|nom1=Mandea|prénom2=|nom2=al.,|prénom3=|nom3=|prénom4=|nom4=|titre=Recent changes of the Earth’s core derived from satellite observations of magnetic and gravity fields|périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences|volume=109|numéro=47|date=2012-11-20|issn=0027-8424|issn2=1091-6490|pmid=23064635|doi=10.1073/pnas.1207346109|lire en ligne=https://www.pnas.org/content/109/47/19129|consulté le=2019-03-08|pages=19129–19133}}</ref>.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=alpha}}

=== Références ===
{{Références}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets| commons=Category:Earth's magnetic field}}

=== Articles connexes ===
* [[Champ magnétique planétaire]]
* [[Structure interne de la Terre]]
* [[Magnétosphère]]
* [[Orage magnétique]]
* [[Pôle Nord]]
* [[Déclinaison magnétique terrestre]]
* [[Dynamo terrestre]]
* [[Inversion du champ magnétique de la Terre]]
* [[Résonances de Schumann]]

=== Bibliographie ===
* Pierre-Noël Mayaud, « Guillaume Le Nautonier, un précurseur dans l'histoire du géomagnétisme », ''Revue d'histoire des sciences'', 2004, volume 57, numéro 57-1, p.&nbsp;161-173 {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_2004_num_57_1_2208}}

=== Filmographie ===
* ''Magnétisme terrestre, passé, présent, futur'', film documentaire réalisé par [[Yves Michaud (philosophe)|Yves Michaud]] (Gauthier Hulot, conseiller scientifique), Association « L'Université de tous les savoirs – la suite », Paris ; CERIMES, Vanves, 2009, 82 min (DVD) (conférence du samedi 10 janvier 2009)

=== Liens externes ===

<!-- * [http://www.ipgp.jussieu.fr/~gilder/VF/index.html Regard sur un demi-siècle de mesures magnétiques dans les stations de répétitions françaises] utilité?? -->
* [http://eost.unistra.fr/ École et Observatoire des Sciences de la Terre]
* [http://musee-sismologie.unistra.fr/ Musée de Sismologie et Magnétisme Terrestre: des collections d'instruments, des vidéos et des dossiers pour comprendre ]
* [http://www.geolab.nrcan.gc.ca/geomag/ Commission géologique du Canada - Géomagnétisme]
* [http://radium.net.espci.fr/esp/CONF/2009/C09_06/conf06_2009_v1.htm Conférence expérimentale Origine du champ magnétique terrestre] par l'[[Institut de physique du globe de Paris|IPG de Paris]] à l'espace [[Pierre-Gilles de Gennes|PGG]] de l'[[ESPCI ParisTech]]
* [https://books.google.com/books?id=zJKUZmtrlUUC&pg=PA83&vq=chapitre+v&dq=champ+magn%C3%A9tique+terrestre+composante+horizontale+verticale&hl=fr&output=html&source=gbs_search_s&cad=0 Introduction à la physique du globe, par Louis Cagniard, École nationale supérieure du pétrole et des moteurs (France)]
* [http://www.intermagnet.org/Welcom_f.html INTERMAGNET: réseau global d'observatoires magnétiques, transmettant leurs données en temps quasi-réel]
* {{pdf}} {{lien web|url=http://www.atlas-belgique.be/cms/uploads/oldatlas/atlas1/Atlas1-FR-05.PDF|titre=Le géomagnétisme en Belgique|auteur=Edmond Hoge|date=1957|éditeur=[[Académie royale de Belgique]]}} (pages 17 ss.)

{{Palette Magnétosphère}}
{{Portail|sciences de la Terre et de l'Univers}}

[[Catégorie:Champ magnétique terrestre|*]]

[[eo:Geomagnetiko]]
[[ro:Geomagnetism]]
[[tr:Jeomanyetizma]]